par stéphane Collion, Officier Pilote B737

Je partage ma passion pour l’aéronautique en deux aspects : d’une part ma passion pour les avions qui me fait rêver devant un Super Constellation, et d’autre part ma passion pour le métier de pilote de ligne. Ce dernier implique pour moi l’acceptation de la haute technologie et la réflexion quant à son utilisation pour faire progresser l’efficacité et la sécurité du transport aérien. Or je suis consterné de constater à quel point la corporation des Pilotes de ligne ne profite pas des avancées technologiques pour développer et revaloriser son métier ; je pense en particulier au nouveaux modes de pilotage qu’offrent les commandes de vol électriques associées au pilotage de trajectoire que propose l’utilisation du vecteur vitesse disponible sur les PFD des derniers Airbus et bien plus encore le HUD. En effet, le mode de pilotage principalement utilisé en ligne, et le seul enseigné, est le préhistorique pilotage à l’assiette et pire, le pilotage au DV. Ce qui me déprime, c’est de constater que parmi les plus féroces opposants au développement de nouvelles méthodes, il y a beaucoup de pilotes ! Certes, les ingénieurs ont une fâcheuse tendance à développer de nouvelles technologies sans s’occuper des utilisateurs. Néanmoins, il sort de leurs bureaux d’études des choses remarquables, et cela devrait faire partie de notre métier d’accompagner leur travail pour en tirer le meilleur et faire progresser notre métier. C’est ce que tentent de faire les membres de la Cometec.

Mais revenons aux nouveaux modes de pilotages. Je viens de terminer ma qualif. A310 et j’avoue être particulièrement consterné par une page du TU. L’A310, prototype du 320, dispose sur l’EADI d’un vecteur vitesse air, commutable avec le DV. La page du TU qui décrit son principe commence par : Il est interdit d’utiliser le vecteur vitesse à Air France !! Bravo, quel modernisme, il est vrai qu’à Air France nous sommes les meilleurs, continuons donc à piloter comme Blériot. Ceci est à mon avis symptomatique d’un refus de progresser des pilotes qui fait le bonheur de nos détracteurs.

On ne cesse de le répéter, le principal travail du pilote est de décider de la trajectoire que doit suivre l’avion et de maintenir celui-ci dessus. Or les commandes de vol électriques ont été faites pour faire du pilotage de trajectoire. Mais on les utilise en continuant à faire du pilotage à l’assiette à travers les ordres donnés par un DV.

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