Cher collègue,

Je viens d'écrire à Gilbert Klopfstein, et s'il souhaite en connaître davantage sur nos aventures, je suis à sa disposition. Il me reste quelques armoires de documents.

En fait, à l'époque, Sud Aviation était axée complètement sur la diminution du rôle du pilote dans la conduite des appareils. M. Ziegler père avait été évincé de la DG Air France après une grève des pilotes et il a gardé une dent contre cette corporation. Il était devenu PDG de Sud Aviation, d'où l'ardeur des ingénieurs à promouvoir les gadgets électroniques. Avec Lami nous avions senti cette orientation dès le début, mais comme je l'ai déjà dit, nos cadres PN étaient déjà "anti". M. Cot, DG Air France, nous avait bien promis de laisser le pilote dans la boucle, mais il laissa la bride sur le cou aux cadres PN qui ne croyaient pas en l'avenir du HUD. Nous avions tellement de problèmes sur le dos : l'affaire des 5,2% (qui dura 4 ans), la Sogesta (où nous ne voulions surtout pas de l'assistance juridique d'Air France) et ensuite celle de la fin du contrat de 1958 (qui aboutit au Lock Out). Mais le PN était avec nous et c'est probablement ce qui nous fit passer le HUD au deuxième plan. Il aurait fallu trouver un commanditaire industriel important, mais avec Sud Aviation et Air France qui nous contraient, les cartes étaient pipées.

En outre, nous eûmes dans les cadres PN certains artistes du double jeu qui furent beaucoup plus habiles à mettre des bâtons dans les roues qu'à oeuvrer pour les progrès de l'aéronautique. Il y a toujours des explications à toutes les positions, mais dans notre pays, saine gestion et bon sens ont pratiquement disparu... Nous sommes en virtuel.

Bien-sûr, tu peux publier ce que j'écris. Je n'ai jamais caché quoi que ce soit dans mes actions... On m'a fait dire bien des choses que je n'ai jamais exprimées, mais j'ai toujours pu écrire ce que je pensais. Il me reste des dossiers sur cette belle époque.

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Très amicalement et très sincèrement

André Gréard
19 décembre 2005